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Posté le 22/01/2020

Vauthey, devenir grand



Il a commencé la saison pied au plancher, enchaînant les prestations décisives, dans la droite ligne de l’exercice précédent. Le gardien du Besançon Foot sera encore attendu lors du déplacement de son équipe à Morteau-Montlebon, ce samedi. Et c’est avec du recul sur la conception qu’il se fait de son poste et une étonnante maturité pour son âge (22 ans) que le joueur a accepté de relever le gant, en se pliant à l’exercice de l’interview.



Il existe des moments où le spectateur retient soudain son souffle, le cœur battant, tous les sens en éveil. Ces moments où le temps est pour ainsi dire presque suspendu ; comme au théâtre, lorsque l’acteur commence sa longue tirade et qu’on en attend la chute, tout en se demandant s’il va y parvenir, ou pendant un meeting politique, quand l’orateur se lance dans une diatribe à la puissance si évocatrice, qu’on sait qu’elle fera le « buzz » et rentrera même, peut-être, dans l’histoire… Mais cela peut arriver aussi dans le domaine footballistique, en tribune donc, lors d’un match.

C’est ce qui s’est produit tout récemment au stade Léo-Lagrange, quand Robin Vauthey a réalisé un arrêt assez stupéfiant (et décisif), contre Montceau, à la 40e minute : « C’est une volée qui arrive, avec un petit rebond, mais je suis bien placé. Je garde mes appuis sur l’avant et vais très vite sur mon côté droit, pour faire l’arrêt qu’il faut. C’était à 2-0, juste avant la pause, un but aurait changé la donne… Et en plus, on réussit à marquer notre troisième but, celui du ‘break’, quelques minutes après… ».

Il est comme ça, Robin Vauthey. Il explique facilement, posément et surtout humblement ses différents exploits dans la cage bisontine. Lui qui est actuellement étudiant en troisième année de Licence STAPS (filière éducation sportive) à Dijon, a fait ses débuts dans le petit club d’Emagny. Natif de Besançon, c’est au BRC qu’il parvint à intégrer le pôle espoirs, à l’âge de dix ans. Ce sont alors deux années de dur labeur, mais qui lui inculquent le goût du « challenge et de la compétition » avec un championnat Interligues exigeant, qui lui donne l’occasion de se frotter à la crème des sélections du grand Est. Et justement, au bout de ces deux années, il est repéré par des recruteurs de l’Olympique Lyonnais, qui lui font signer un contrat et intégrer la « pépinière » de la capitale des Gaules. Il va y passer trois ans et inscrire les premières lignes à son palmarès : un titre de champion de France U17 Nat, puis finaliste de la Coupe Gambardella.
 

« Je me voyais déjà pro… »


Mais toutes les bonnes choses ont cependant une fin. Au bout des trois ans passés au centre de formation de l’OL, l’horizon semble être bouché pour le jeune Robin : « beaucoup de concurrence en équipe première » et pas de place, non plus, dans l’équipe réserve de CFA. Dans ces conditions, il n’est logiquement pas conservé par les dirigeants lyonnais. Un malheur n’arrivant jamais seul, il rate son Bac, dans la foulée. «  Je me voyais déjà pro, je ne l’avais pas préparé avec le sérieux et la régularité nécessaires. » Un choix s’impose alors : rebondir, vite. Il multiplie des essais, un peu partout dans l’hexagone : Guingamp, Auxerre, Toulouse… et obtient même un accord de l’AS Monaco qui restera… verbal.

Robin Vauthey se retrouve alors le bec dans l’eau, sans club. « Par la force des choses et c’est peut-être un mal pour un bien, je décide de me consacrer à mes études. Le foot n’était plus ma priorité, clairement. » Un lycée privé belfortain lui ouvre alors ses portes, où il va « travailler beaucoup plus sérieusement et assidûment qu’au centre de formation à Lyon ». Mais le passionné du ballon rond, qui croit dur comme fer en sa bonne étoile, sommeille toujours en lui. « Je ne lâche pas totalement le foot, et je signe à Belfort, en U19 Nat. »

Le Bac en poche au bout de cette année studieuse et bien remplie, il revient à Besançon et signe au PSB sur le conseil d’un ami, pour être titulaire en DH. « Une saison super sympa à vivre » selon lui. Puis vient la période de la fusion PSB-BFC. « Dans la toute nouvelle équipe du Besançon Foot, je pars numéro 3 (NDLR : derrière Lucas Buisson et Olivier Laurent). Mais cela ne m’a pas fait peur.» Au contraire, les six mois passés en équipe B lui permettent de montrer ce qu’il sait faire, et d’obtenir ainsi la confiance de Hervé Genet et du staff, pour passer finalement titulaire, début 2018. Place qu’il n’a jamais quittée depuis, enchaînant les performances avec une régularité d’horloge. « Je dirais que mes points forts sont l’explosivité, la rapidité d’exécution et le sens du placement. » Alors que dans le même temps, il concède devoir améliorer « le jeu au pied, surtout la précision, mais aussi la lecture des trajectoires dans le domaine aérien. »
 

Ses « excellentes relations avec tout le monde »


Une indéniable progression au sein du club, qui est l’occasion idéale de rendre un hommage appuyé à ceux qui le font bosser dur, tout en lui distillant de savants conseils, dont il tient toujours compte.  « J’ai eu la chance de débuter l’aventure au Besançon Foot avec une bonne partie du staff, que je connaissais depuis l’époque du PSB. J’ai d’excellents rapports avec tout le monde et bien sûr, avec le coach des gardiens, « Dom » Sanches. C’est une relation particulière et privilégiée, on bosse avec lui en petit comité et il n’hésite pas à nous dire les choses, que ce soit en positif ou en négatif. Il est vachement investi et donne beaucoup de son temps. » Le dernier rempart bisontin ne tarit pas non plus d’éloges sur son coach, Hervé Genet, et son adjoint Vincent El Yacout « qui sont très à l’écoute et surtout très humains. » Ce qui revêt un caractère important pour que le groupe tout entier se sente bien, et par conséquent, puisse « aller de l’avant »« Se sentir soutenu, c’est appréciable. C’est tout simplement primordial pour nos performances, il faut que cela continue. »

Si Robin Vauthey travaille beaucoup physiquement et techniquement, il sait combien l’aspect mental compte dans la carrière d’un footballeur, et plus particulièrement pour le poste qu’il occupe. « Un gardien se doit d’être un acteur à part entière dans le collectif, surtout pas collé à sa ligne ou consigné dans sa surface. Il doit jouer en se disant qu’il ne faut pas subir et penser à toujours prendre le match à son compte. » Et de poursuivre le chemin de sa réflexion, concernant sa propension notable à aller provoquer les un contre un - qu’il remporte souvent. « Personnellement, je veux toujours influencer les attaquants adverses dans mes duels, en réduisant leur champ d’action au maximum. Il y a réellement une volonté de ma part de prendre le dessus psychologiquement, pour que l’attaquant se dise très rapidement : ‘Aujourd’hui, ça va être compliqué de lui marquer un but’. A ce moment-là, c’est la moitié du travail qui est fait. Cette dimension de confrontation mentale entre le gardien et l’attaquant est primordiale. »
 

« Ma taille m’a peut-être fermé des portes, mais… »


D’où tient-il donc cet état d’esprit et ces ressources mentales, qui laissent entrevoir son formidable goût pour la compétition ? Le joueur a bien un « Hall of Fame » personnel, du moins des influences, voire des modèles qui l’ont accompagné tout du long de sa jeune carrière. « Je peux citer Anthony Lopes que j’ai côtoyé à Lyon, bien sûr. Il est très impressionnant par sa vitesse. Dans un autre style, j’ai beaucoup aimé aussi Iker Casillas à une époque… A l’heure actuelle, je peux nommer Marc-André ter Stegen du Barça ou Ederson de Manchester City, qui n’ont pas mon gabarit (rires), mais qui ont vraiment un jeu complet et influent beaucoup sur la dynamique de leur équipe, pendant les rencontres. Je trouve ça très fort et intéressant à observer. C’est dans la continuité d’un Manuel Neuer qui avait déjà révolutionné le poste de gardien, en jouant très haut, pour amener son équipe à évoluer toujours plus vers l’avant, tout en dirigeant sa défense dans le même temps. »

Néanmoins, le Bisontin accepte sa singularité qui, d’une certaine façon, lui a donné des forces et poussé à accomplir son destin. « C’est vrai que je suis un peu à contre-courant de la physionomie du gardien actuel, très grand, qui peut dépasser le mètre quatre-vingt-dix… » souligne-t-il avec malice, lui qui ne fait « que » 1m80. Pour aussitôt ajouter : « Mais il y a des contre-exemples. Pour ne citer que lui, Keylor Navas, parmi les tout meilleurs mondiaux, n’est pas un géant… Ma taille m’a peut-être fermé des portes à un moment, mais j’ai toujours su la compenser par d’autres qualités. » Et après tout, Robin Vauthey le démontre tous les jours par sa volonté, son implication et son attachement au club, c’est par le cœur que l’homme est véritablement grand.

Benjamin Gonnot


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Depuis deux ans, l'apprécié Robin Vauthey est devenu un maillon fort du Besançon Foot. Photo Loïc Petitjean



Depuis deux ans, l'apprécié Robin Vauthey est devenu un maillon fort du Besançon Foot. Photo Loïc Petitjean





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